Mickey & Donald, Tout un art !

De 1930 à aujourd’hui, une exploration en images de la manière dont les héros mythiques de l’univers Disney ont nourri l’imaginaire de nombreux auteurs de bande dessinée, bien au-delà des États-Unis.

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© Disney

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D’abord déployées dans le champ de l’audiovisuel, l’imagerie et les créations de Walt Disney se sont également incarnées très tôt en bande dessinée. Des personnages devenus avec le temps aussi « iconiques » que Mickey et Donald ont dès leurs premiers pas été adoptés par des dessinateurs – parfois issus eux-mêmes des studios Disney – pour nourrir leur imaginaire personnel. C’est cette filiation singulière que remet au premier plan l’exposition inédite « Mickey & Donald, tout un art », en explorant de quelle manière ces auteurs à la fois audacieux et passionnés ont eux aussi contribué à nourrir la légende des héros et personnages qu’ils mettaient ainsi en scène.

Historiquement, le processus commence très tôt. Révolutionnaire dans l’art de l’image animée, l’entreprise fondée par Walt Disney invente Mickey à la fin des années 1920, et Donald en 1934. Dès 1930 paraissent dans la grande presse américaine les premières bandes dessinées inspirées par les héros de Walt Disney, soit deux ans seulement après la diffusion du premier dessin animé de Mickey, le légendaire Steamboat Willie. Les quotidiens américains publient alors ces comics sous la forme de strips ou de planches, dont les plus célèbres sont signés de Floyd Gottfredson.
Identifiés très tôt, aussi bien par les patrons de presse que par les artistes, comme des créations à la fois novatrices et populaires, la souris et le canard traversent vite l’Atlantique pour débarquer sur le Vieux Continent. En France, c’est dans les pages d’un célèbre quotidien généraliste de la IIIe République, Le Petit Parisien, que s’affichent les dessins de Mickey, dès 1930. Mais cet exemple demeure une exception : dans la plupart des cas, les aventures européennes des personnages issus de l’univers Disney se déploient dans le cadre de publications spécialement destinées à la jeunesse.

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L’un des auteurs qui s’est ainsi « approprié » l’un ou l’autre des personnages emblématiques des studios Disney connaîtra une notoriété singulière, qui se perpétue encore aujourd’hui. L’Américain Carl Barks, d’abord employé plusieurs années comme animateur par les studios Disney avant qu’il ne se mette à faire de la bande dessinée, va marquer les esprits par la manière originale et exceptionnellement créative dont il s’empare de Donald. Dès les années 1940, il commence à adjoindre au canard une foule de comparses, adversaires et autres collatéraux : Picsou l’oncle milliardaire et radin, Gontran le cousin énervant par sa réussite éclatante, les affreux Rapetou, l’inventeur Géo Trouvetou, etc. À l’arrivée, et au terme de près de trois décennies de création ininterrompue, c’est non seulement un entourage mais tout un univers qui s’est mis en place, fidélisant des millions de lecteurs dans le monde entier.

De l’autre côté de l’océan, en Europe, les Italiens entreprennent de détricoter l’idée selon laquelle la bande dessinée Disney serait exclusivement américaine. Guido Martina est un auteur prolifique des années 50 qui marque la décennie et s’amuse même, à la fin des sixties, à transformer Donald en super héros dénommé Fantomiald. Dans la foulée de cet innovateur, d’autres auteurs transalpins tout aussi doués – Romano Scarpa, Luciano Bottaro, Giorgio Cavazzano, notamment – finissent par imposer la notion d’une « école italienne » dominant la production Donald et Mickey en Europe, bientôt concurrencés de près par les auteurs scandinaves.

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Aucun de ces artistes locaux ne cherche à révolutionner ou parodier les héros de l’univers Disney, mais les sensibilités et tempéraments nationaux sont néanmoins libres de s’exprimer. Certains acceptent la modernisation des personnages, d’autres préfèrent donner à leur interprétation une discrète coloration rétro. Quoi qu’il en soit, le succès en tout cas est total : dès les années 70, on peut affirmer sans exagérer que la majeure partie des bandes dessinées de Mickey, Donald et leurs amis disponibles en Europe sont produites localement.

C’est l’ensemble de cette riche histoire que retrace l’exposition « Mickey & Donald, tout un art » présentée au cœur du Festival dans la cour de l’Hôtel de Ville d’Angoulême, dans un esprit tous publics permettant aussi bien aux plus jeunes qu’aux adultes, et aux novices qu’aux experts, d’appréhender l’univers Disney et ce que lui ont apporté ces très nombreux dessinateurs au fil des années. Abondamment illustrée (strips, planches, couvertures de périodiques, photographies, etc.), l’approche est chronologique des années 30 à aujourd’hui. L’exposition progresse ainsi d’une décennie à une autre, chacune d’elles incarnée par un auteur phare. La scénographie, souvent spectaculaire (jeux de lumière, effets de volumes, etc.), permet de mieux saisir l’apport de chacun de ces artistes à ces personnages de légende. Le parcours de l’expo s’achève sur Epic Mickey, le jeu vidéo qui fait entrer le mythe Mickey dans le XXIe siècle, et sur des ateliers ludiques où les enfants pourront apprendre à dessiner les héros de Walt Disney. De quoi mesurer à la fois les évolutions des personnages et leur dimension intemporelle, par-delà les styles et les générations de lecteurs : la marque des grandes figures de notre imaginaire collectif.

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Exposition « Mickey & Donald, tout un art »   
Lieu : COUR DE L’HÔTEL DE VILLE  
Du jeudi 31 janvier au dimanche 3 février 2013, 10 h/19 h 
Production : 9eArt+  
Commissariat : Jean-Paul Jennequin  
Réalisation des décors : Ateliers Artigo

Scénographie : MADesigners