« Je trouve drôle que l’on me compare à Sade » Interview de Suehiro Maruo

Le mardi 20 mai 2014 à 16h36

Immense auteur de bande dessinée japonaise, maître du manga d’horreur connu en France pour La Chenille et L’Île Panorama, Suehiro Maruo a accepté de répondre à quelques questions lors de sa venue à Angoulême en janvier dernier.

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Suehiro Maruo (au centre) lors des Rencontres Internationales. © 9eArt+, photo Jorge Fidel Alvarez

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Maruo était en 2014 l’une des têtes d’affiche du Festival, et nous avons eu la chance de le rencontrer plusieurs fois. Discret de nature, il dévoile ici quelques clefs de son parcours.

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Comment expliquez-vous votre popularité en France ?
Maruo : Je ne me l’explique pas, c’est très étonnant ! Je suis heureux d’être aussi bien accueilli ici. Mais je suis surtout impressionné par les connaissances des fans en bande dessinée et en manga. C’est fou que mes dessins soient arrivés jusqu’ici !

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Pourquoi avoir choisi le style bien marqué de ero guro (érotique-grotesque) ?
Maruo : En fait, je ne l’ai pas choisi. Quand j’étais jeune, j’ai été embauché par une revue pornographique : c’est donc un peu sous la contrainte que j’ai donné une touche érotique à mes dessins. Sans ce contexte, je n’aurais peut-être pas démarré dans cette voie.

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Mais pourquoi avoir continué une fois que vous dessiniez des mangas ?
Maruo : Eh bien, j’imagine que j’y ai pris goût ! Pour ce qui est du côté parfois « monstrueux » de mes dessins, j’avoue que j’ai toujours été attiré par la monstruosité, et je ne comprends pas pourquoi ce type de physique est discriminé de nos jours.

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Quels sont vos modèles en Europe ?
Maruo : Ce n’est pas Milo Manara, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Je ne le connaissais pas avant qu’on m’en parle ici, à Angoulême. Par ailleurs, j’admire beaucoup Enki Bilal, j’ai lu plusieurs de ses albums, mais aussi Tardi. Je le connaissais mal avant d’avoir vu l’exposition du festival, mais je dois dire qu’elle m’a beaucoup marqué.

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Vous êtes amateur de cinéma. Quels sont les réalisateurs que vous admirez ?
Maruo : Je pense à Luis Buñuel. Je me souviendrai toujours de la scène de l’œil coupé dans son le film Un chien andalou.

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Que pensez-vous du surnom dont on vous affuble parfois, « Le Sade japonais » ?
Maruo : Je trouve drôle que l’on me compare à Sade !

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Retrouvez en vidéo Suehiro Maruo et Atsushi Kaneko, filmés à Angoulême lors d’une Rencontre internationale du Festival, ainsi que l’interview vidéo projetée lors la soirée d’ouverture du Festival. Plus d’infos sur Maruo ici.