Interview de Tébo Fauve Jeunesse 2017

Le jeudi 20 avril 2017 à 15h15

Le Fauve a interviewé Tébo, lauréat du Fauve d'Angoulême – Prix Jeunesse 2017 pour « La jeunesse de Mickey »

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Les lauréats du Palmarès 2017 à la loupe ! Entretien avec Tébo à la découverte des secrets de création du très drôle  « La jeunesse de Mickey » aux éditions Glénat, Prix d'Angoulême – Fauve Jeunesse 2017

Dans quelles circonstances avez-vous repris le personnage ? Quelle influence cet univers a-t-il eu sur votre travail ?
Tébo : Jacques Glénat m’a proposé de reprendre le personnage de Disney que je voulais. Pour moi, Mickey en BD était trop sérieux, pas assez fun... je lui préférais Fantomiald (Donald en super héros). À l’époque, j’avais d’autres projets en cours. Je m’étais dit que si je n’arrivais pas à dessiner Donald de tête et avec mon style, je laissais tomber l’affaire. J’ai fait plusieurs essais et mes Donald étaient nuls. Et pour m’amuser, j’ai essayé de dessiner Mickey, et bim ! Celui-ci m’a carrément plu !
Ça a été très naturel pour moi de le dessiner et j’ai commencé à en faire plein sur mes carnets. Puis je me suis souvenu que je n’étais pas fan de Mickey en BD mais plutôt de Mickey en dessins animés, ceux des années 30 (le brave petit tailleur, etc) et surtout des premiers en noir et blanc avec Steamboat Willie (où Mickey n’est pas que gentil, il grogne, il se bagarre). Il n’a pas fallu plus pour que me décide à faire un album de Mickey. Je me suis même rendu compte que mon style de dessin, qui est très cartoon, viendrait des dessins animés de Tex Avery et de Mickey que j’ai vu pendant ma jeunesse.

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Proposer au public un album « vu par » suppose un cahier des charges assez complet ? Quelle était votre marge de manœuvre ?
Tébo : Ben, en fait... J’avais pris au mot mon éditeur « Tu fais ce que tu veux avec Mickey ! ». Je ne voulais pas faire un album hommage ni un album parodique. Je me suis approprié le personnage de Mickey et installé dans des périodes de l’histoire très peu (ou jamais) utilisées par les studios Disney : la première guerre mondiale, la prohibition et l’esclavage. Je ne voulais pas faire un livre trop historique et que les propos soient trop sombres (je fais du rigolo).
Pour la Première Guerre Mondiale, Mickey est pacifiste et quand il combat ses ennemis, il utilise des bombes à la farine. Pour l’esclavage, ce sont les chats qui exploitent les souris et pour la prohibition, j’ai remplacé l’alcool par du chocolat (le président s’est brûlé avec du chocolat bouillant, comme tout le monde se moque de lui, il l’interdit dans tout le pays).
J’ai crée Pépé Mickey et son arrière petit-neveu, Norbert. J’ai inventé ou ré-inventé ses premières rencontres avec Minnie, Pat Hibulaire et Dingo, etc.

J’ai amené mon style graphique ainsi que mon style d’humour... Mais je voulais aussi que les lecteurs du Journal de Mickey (les jeunes et les moins jeunes) s’y retrouvent, que je ne sois pas trop en décalage avec la souris de Disney.
C’est pendant l’élaboration du livre que j’ai appris qu’il y avait un cahier des charges... Mais heureusement pour moi, ma vision de Mickey a été appréciée par le studio Disney, ouf ! Tout a été validé, à part quelques textes et deux ou trois dessins.

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Y a-t-il une partie sur laquelle vous avez aimé travailler en particulier ?
Tébo : Mes doubles-pages. Pour cette collection, Jacques Glénat nous a laissé carte blanche sur le format et le nombre de pages. Quand j’écrivais et storyboardais ma série d’avant Alice au pays des singes pour Keramidas, j’avais mis plein de grandes cases pour qu’il puisse s’éclater... j’en étais jaloux car j’aurais adoré être dessinateur sur cette série juste pour ces grandes scènes. Donc, avant même d’écrire la moindre ligne sur Mickey, je savais qu’il allait y avoir des grandes illustrations sur des doubles-pages, j’ai écrit la première histoire de Mickey (où il est cowboy) juste pour pouvoir dessiner la double page du train qui tombe d’une falaise ! C’est une des raisons pour laquelle j’adore dessiner mes propres scénarios.

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Comment avez-vous reçu ce prix Jeunesse ? Quelle importance a-t-il pour vous ?
Tébo : Je l’ai plutôt bien reçu, huhu ! Et je ne m’en sépare jamais quand je veux aller draguer des filles.

Quels sont vos projets futurs ?
Tébo : Je travaille sur la saison 2 de ma série animée, César et Capucine (sur France 5). J’ai deux livres jeunesse tirés de cet univers qui vont sortir en mai aux éditions Bamboo. J’écris et dessine une nouvelle série Les fables avec du poil pour le magazine Fluide Glacial, l’album sortira en 2018. Je travaille sur une nouvelle série pour le magazine Spirou. Si La jeunesse de Mickey marche bien, j’attaquerai le tome 2 (si mon éditeur le veut) car j’ai tout un tas d’idées notées sur un carnet.
Et j’ai l’idée d’un scénario pour un nouvel album de 
Captain Biceps... en bref, je suis pas mal occupé.