Philippe Dupuy, une histoire de l'art
Création du dessinateur et scénariste Philippe Dupuy, Une histoire de l’art est une œuvre audacieuse qui se déroule sur un support de lecture long de 15 mètres. Cette installation invite le lecteur à une expédition improvisée, guidée par l’auteur à travers les petits et les grands événements de l’histoire de l’art qui ont forgé sa réflexion.
Ancien Grand Prix du Festival en 2009 avec Charles Berberian, Philippe Dupuy a co-créé les séries mémorables Le Journal d’Henriette et Monsieur Jean. Il publie en 2016 Nuages et pluie, écrit par Loo Hui Phang (Futuropolis), ainsi qu’Une histoire de l’art (Aire Libre), qui fait donc l’objet d’une exposition au Festival.
Une histoire de l’art, c’est d’abord un récit sans cases ni strips. C’est bien de l’histoire de l’art selon Philippe Dupuy qu’il s’agit, une parmi d’autres possibles, qui propose un périple subjectif, intime parfois, modelé par les souvenirs de l’auteur, par ses rencontres et ses observations autour des œuvres, des artistes et des lieux. C’est un regard à hauteur d’homme, plus proche de la performance improvisée et du paysage mental que de l’écrit chronologique. Seule la forme du livre apparaissait linéaire lors de sa publication initiale dans la revue numérique Professeur Cyclope, en 2013. Les dessins emmènent le visiteur au fil d’une lecture qui commence en haut de la page et s’enchaîne librement jusqu’au point d’entrée de la page suivante. Ce mode de présentation que l’on penserait dédié au blog se matérialise ainsi sous la forme d’un leporello, un livre frise d’une longueur époustouflante – 24 mètres !
Cette Histoire de l’art est par ailleurs à l’origine une machine : c’est un châssis en acier long de quinze mètres dont le moteur actionne un tapis roulant sur lequel les pages de bande dessinée s’enchaînent sur le plan horizontal. Ainsi, sur l’imposante structure métallique se déroule un long ruban en mouvement rappelant celui de la souris à l’écran. Comme si le livre de papier, dont les planches collées par l’arête retombent verticalement dans la partie inférieure du tapis roulant, s’associait au scrolling virtuel. L’installation évoque à la fois un ancêtre mécanique du blog et une automatisation futuriste de la lecture. La mise en mouvement d’Une histoire de l’art est une forme audacieuse de lecture. Le rythme constant du défilement des pages offre une dimension physique à l’œuvre et engage la volonté du lecteur dans son déplacement. Celui-ci se met alors à suivre littéralement les propos de l’auteur, et il peut choisir de s’attarder sur une séquence en avançant au rythme de la page, ou bien de reculer de quelques pas pour passer à la séquence suivante. Cette mécanique du mouvement, corolaire à la création selon Philippe Dupuy, varie selon les digressions du récit, plus ou moins étoffées par la parole et le dessin, ou la décision du lecteur et l’importance qu’il leur accorde.
Cette Histoire de l’art apparaît ainsi comme un ensemble à la fois physique et littéraire, historique et sensible, qui se veut une source jouissive de questionnements. Lecteurs et festivaliers sont invités à une lecture simultanée et au partage d’un même espace physique autour de cette œuvre qui permet, finalement, de renouveler le regard sur ce qu’est fondamentalement la bande dessinée : un monde en mouvement.
Grande salle du Vaisseau Moebius, du 26 au 29 janvier 2017
• Production : 9eArt+ / Dupuis • Régie : Xavier Ruiz
Une création du PULP Festival 2014 à La Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée. Avec le soutien de la Région Ile-de-France.