Le monde de Gaston Lagaffe
Gaston fête ses 60 ans au Festival ! Apparu mystérieusement dans l’hebdomadaire Spirou en 1957, le gaffeur le plus célèbre de la bande dessinée a permis à son créateur, André Franquin, de donner à son dessin une générosité et un dynamisme extraordinaires.
Baptisé assez vite le « héros sans emploi », Gaston Lagaffe arrive sans prévenir dans les pages de Spirou en février 1957. Le journal des éditions Dupuis va accueillir pendant 25 ans un personnage incontrôlable, le plus créatif des paresseux, jamais avare d’une idée ou d’une invention catastrophique. Gaston s’entoure peu à peu d’un bestiaire (souris, chat, mouette rieuse, poisson rouge) et d’amis fidèles (Bertrand Labévue, Jules-de-chez-Smith-en-face ou encore ‘Moiselle Jeanne, avec qui se développe une belle relation platonique). Surtout, il bouscule avec bonheur et naïveté l’ordre établi en provoquant à de multiples reprises la colère de Fantasio, Prunelle ou M. De Mesmaeker, l’homme d’affaires qui revient toujours en vain à la rédaction pour signer les fameux contrats.
Cette exposition destinée à tous les publics, présentée sur la place de l’Hôtel de Ville d’Angoulême, est constituée de reproductions de gags mythiques de la série. Les visiteurs y retrouveront les thèmes qui parcourent toute l’œuvre de Franquin : l’écologie, l’antimilitarisme, les rapports humains, la ville, le design, les voitures… Il s’agit, surtout, de montrer comment Franquin a pu faire évoluer son trait au contact de Gaston, personnage pour lequel l’auteur belge s’est vite pris d’affection. Car à la différence de Spirou, que Franquin avait repris en 1946 mais qu’il n’avait pas créé, Gaston est au départ une pure invention de l’auteur, conçue pour animer les pages du journal Spirou, et non dans le but de créer une nouvelle série de bande dessinée. Pourtant, Franquin se prend au jeu et fait assez vite de Gaston un véritable personnage.
Il met au service de la série toute l’énergie de son dessin, au point d’arriver, dès le milieu des années 1960, à une surcharge évidente des pages. Au fil des années, l’auteur se réapproprie l’encrage des gags, au départ dévolu à son camarade Jidéhem, et l’encre de Chine finit presque par inonder les gags de Gaston, comme si Franquin ne pouvait plus s’arrêter d’orner ses planches de traits de mouvements, de décors fournis, de plis de vêtements… Cette nervosité de l’encrage se poursuivra quelques années plus tard dans les Idées noires, la face la plus adulte de l’œuvre (Fluide Glacial). Ainsi, Gaston reste peut-être la création la plus importante de cette Franquin, et il assure en tout cas une transition capitale entre le héros Spirou, sage et vertueux, et la face nettement plus sombre des Idées noires.
Cette exposition vient lui rendre hommage, et permet aussi de rappeler qu’André Franquin, aujourd’hui considéré comme l’un des auteurs les plus importants de la bande dessinée du XXe siècle, disparaissait il y a juste 20 ans.
Place de l’Hôtel de Ville du 26 au 29 janvier 2017
• Production : Dupuis / 9eArt+
• Commissariat : Nicolas Tellop
• Maquette et Graphisme : Studio Dupuis