Interview d'Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen Fauve Polar SNCF 2017

Le mercredi 10 mai 2017 à 10h08

Notre série d'entretiens avec les lauréats du Palmarès continue avec les auteurs de L'Été Diabolik, Fauve Polar SNCF 2017 !

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Deuxième collaboration de ce duo d'auteurs, autrefois professeur et élève à Angoulême, L’Été Diabolik chez Dargaud est un roman graphique placé dans les années soixante ; autant sur le plan du graphisme que sur celui de l'écriture. De James Bond à Pravda la Survireuse ou la série de fumetti Diabolik des sœurs Giussani,… nombreuses sont les références évoquées par cet album récompensé cette année par le Fauve Polar SNCF. Alexandre Clérisse et Thierry Smolderen nous ont fait le plaisir de répondre à quelques questions.

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Avec votre précédent album, Souvenirs de l’Empire de l’Atome, vous vous êtes inspirés des années 50. L'été Diabolik se place dans les années 60, visuellement et dans les thèmes. Pourquoi vous replonger dans cette époque ?
Alexandre Clérisse & Thierry Smolderen : Avant tout parce que nous nous sentons en connivence avec les images de cette époque-là. Les années soixante ont été marquées par des ruptures politiques violentes et ces mouvements ont touché les arts graphiques au moins autant que la musique (et les mœurs). Le pop art, le design et le graphisme psychédélique ont profondément influencé la bande dessinée. Comment ne pas évoquer les tableaux d’Hockney, les séries de Warhol, les films de James Bond, les BD de Guy Peellaert, les posters de musique rock ? C’est tout ce que nous aimons. À part la musique, on ne peut trouver mieux pour plonger le lecteur dans cette époque si vivace encore dans la mémoire collective.
Dans un roman graphique, on peut faire ça avec des moyens qui ne sont ni ceux du cinéma, ni ceux du roman – une écriture qui joue avec les formes, les couleurs, le design, l’architecture, la stylisation. C’est ce challenge qui nous a poussés à aller vers cette époque-là.

Vous développez un univers très spécifique et très référencé. Comment conciliez-vous la conception de l'histoire avant de travailler sur scénario et dessin ?
A.Clérisse & T.Smolderen : À force de travailler ensemble, forcément on se connaît bien. Nous partageons nos découvertes, nos enthousiasmes, et il va de soi que l’histoire s’élabore en tenant compte de tout ce que nous savons l’un de l’autre, et principalement dans le choix d’une période graphique particulière (puisque c’est l’un des principes de notre collaboration). Cela évolue au fil du temps et des projets terminés, bien sûr. Chaque scénario est un chantier commun, qui se nourrit d’images de toutes espèces, de films, de bandes dessinées, d’illustrations… Nous sommes étroitement associés dans tous les aspects du processus de création, pratiquement du début à la fin.

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Y a-t-il une partie sur laquelle vous avez aimé travailler en particulier ?
A.Clérisse & T.Smolderen : La séquence psychédélique qui fait hommage à Pravda la Survireuse de Peellaert a été l’une des plus amusantes (mais pas la plus facile) à réaliser sur le plan graphique. Côté scénario, l’écriture de la scène de retrouvailles douce-amère entre la jolie Michèle et le héros de l’histoire a été tellement plaisante à écrire, et tellement cathartique sur le plan émotionnel (pour le scénariste), qu’il a eu de mal à ne pas l’écrire et à la réécrire pendant un an pour faire durer le plaisir.

Comment avez-vous reçu ce Fauve Prix Polar SNCF ? Quelle importance a-t-il pour vous ?
A.Clérisse & T.Smolderen : Le suspens a duré jusqu’à la dernière seconde, surtout pour le dessinateur. (Le scénariste, lui, se disait que ne ce n’était pas pour rien, sans doute, qu’on nous avait placés en bout de rangée). Grosse émotion, en tout cas. C’est l’un des prix du palmarès officiel de l’année 2017. Neuf albums primés pour neuf catégories différentes, parmi les milliers qui sont publiés chaque année, donc nous ne pouvons qu’être honorés d’être dans ce club-là. De plus nous travaillons tous les deux à Angoulême, et tous les jours nous côtoyons des autrices et des auteurs qui ont un talent fou, de l’ambition, des rêves formidables : nous partageons volontiers le gâteau avec eux, en comptant bien qu’ils nous rendent la pareille dans le futur.

Quels sont vos projets futurs ?
A.Clérisse & T.Smolderen : Nous travaillons déjà sur notre prochain roman graphique. Cette fois l’histoire se déroule dans les années 80. La période est moins évidente à classer sur la plan du graphisme et de l’image, mais cela fait partie du défi : un autre genre à découvrir, d’autres surprises, d’autres sensations…Nous sommes impatients de le voir naître, mais il faudra encore attendre un peu (fin 2018 ou début 2019).

 

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