Interview de Benjamin Renner

Le lundi 20 février 2017 à 16h37

Benjamin Renner, lauréat du Fauve jeunesse en 2016 pour Le Grand Méchant Renard, a présidé le jury de jeunes lecteurs qui ont désigné son successeur Tébo avec « La Jeunesse de Mickey »

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« Ce sont vraiment les enfants qui ont choisi le livre ». Particularité de ce prix: c’est le seul qui est remis par un jury d’enfants. Particularité de cette année : pour la première fois, le lauréat de l’année précédente, Benjamin Renner, les encadrait. Retour d’expérience.

Quelques années avant d’avoir le Fauve Jeunesse 2016, vous aviez été sélectionné pour le Prix révélation Blog. Cela avait-il eu un impact sur votre travail, d’une façon ou d’une autre ?
Benjamin Renner : Oui, c’était Wandrille l’éditeur de Vraoum! qui m’avait sélectionné pour ce prix. Même si je n’ai pas gagné, ça lui a permis de découvrir mon projet Un bébé à livrer, qu’il m’a ensuite proposé d’éditer. Un bébé à livrer, c’était à la base un blog fait pour mon frère, qui allait avoir un bébé, et ce n’est devenu un livre que suite à cette rencontre.

La sélection pour le Fauve Jeunesse 2016, c’était une surprise ?
Benjamin Renner : J’avais déjà été dans la sélection jeunesse en 2011, avec ce livre Un bébé à livrer, justement, mais je n’avais pas été lauréat. Je ne m’y attendais pas, d’ailleurs : par défaut, je crois rarement aux prix. Et c’était pareil pour Le Grand Méchant Renard surtout que c’était une BD que j’avais à la base faite comme une blague, un conte très léger : je ne m’attendais pas à ce qu’elle plaise autant.

Et pourtant, c’est celle qui a été sélectionnée par un jury d’enfants.
Benjamin Renner : Au début, ça m’étonnait que ça plaise aux enfants, parce que Le Grand Méchant Renard est une BD assez bavarde, avec beaucoup de texte, et je ne pensais pas qu’ils aimeraient. Mais très vite, j’ai su que les parents la lisaient à leurs enfants, et que les enfants rejouaient ensuite les scènes du livre… C’est là que j’ai compris que j’avais vraiment réussi quelque chose, que ça plaisait vraiment.

Qu’est ce que ça change, un prix Fauve Jeunesse ?
Benjamin Renner : Ça fait une grosse mise en lumière de l’album. Beaucoup de festivals voulaient m’inviter suite à cela. Mais c’est tombé au moment où je travaillais sur l’adaptation en film du Grand Méchant Renard, adaptation qui avait été décidée avant le prix. J’ai été très occupé par cela, et donc je n’ai pas vraiment eu le temps de profiter de ce succès, c’était très frustrant. Il y avait de la joie, mais vécue à distance.

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© Jorge Fidel Alvarez / 9e Art+

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Cette année, en tant que lauréat de l’année précédente, vous deviez encadrer les enfants membres du Jury Jeunesse. Ça s’est passé comment ?
Benjamin Renner : On m’a demandé de lire les livres de la sélection avant, évidemment. Et pendant le Festival, j’ai rencontré les enfants, et on a passé deux heures pour faire le choix de cette année. C’est Patrick Ausou, l’ancien président de l’Association du Festival, qui encadrait tout cela, et c’était extrêmement pédagogique. On a expliqué aux enfants l’importance de leur choix, que ça changerait beaucoup de choses pour l’auteur et l’éditeur choisi, qu’il y aurait peut-être des frustrations de leur côté parce que l’album récompensé à la fin ne serait pas forcément celui qu’ils voulaient récompenser au début, mais que l’important serait d’arriver à un consensus qui satisferait tout le monde.

Il y a eu différents votes, à chaque fois, quelques livres étaient éliminés. Si un livre tenait vraiment à cœur de l’un des enfants, il pouvait le repêcher pour un tour suivant… J’ai vraiment trouvé ça passionnant à observer. Et Patrick encadrait cela de façon très élégante, très neutre, en laissant vraiment les enfants choisir. Moi aussi, d’ailleurs, je n’ai pas voulu imposer mes choix, ou dire que tel auteur ou tel éditeur avait déjà eu un autre prix important… Ce sont vraiment les enfants qui ont choisi le livre.
Au début, ils avaient tous un album préféré différent, et à la fin, ils étaient tous d’accord. Le Mickey de Tébo faisait partie du top 3 de tous les enfants, en fait. Ce choix, c’est vraiment un compromis positif entre toutes les envies. Mais voir ce processus à l’œuvre, c’était très agréable, et je suis vraiment content d’avoir pu y participer.

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